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La légende d'Azurine

Les histoires de Jo
Connaissez-vous la fée Azurine ?

L’histoire d’une légende provençale sur la création des collines du Garlaban… Et si je vous racontais que les vallons, grottes, pics et autre reliefs de nos collines étaient dus à une fée et un géant, vous ne me croirez jamais… Et pourtant ? Voici cette légende orale de nos pères.

L'origine de Garlaban...

Il court sur l’origine de Garlaban plusieurs légendes dont je n’ai pu retrouver aucune relation écrite. D’après l’une d’elles, la paternité en reviendrait à un géant débonnaire, d’après une autre, il serait l’œuvre d’un aimable fée.
Pourquoi n’auraient-ils pas présidé en commun à la création, l’époque originelle? Voici la version que le petit Marcel des collines m’a soufflée.

Alpus.

La surface de la terre n’était alors qu’une immense et monotone étendue de boue. Le géant Alpus avait reçu mission d’en modeler le relief dans toute la partie appelée à constituer plus tard le Sud-Est de la France. Il avait mis au point une technique aussi efficace que rudimentaire. Tous les deux ou trois pas, il secouait énergiquement, l’une après l’autre, ses gigantesques bottes dégoulinantes de boue, et celle-ci, en tombant, formait ici un pic, là une aiguille, plus loin une arête…

Au soir d’une rude journée, il venait de donner ainsi successivement naissance au Pic de Bertagne, à Roque-Forcade et aux Trois Pointus de Bassan, lorsqu’il aperçut au loin la mer braisillante, par-delà une molle et longue ondulation qui barrait harmonieusement l’horizon.

Ayant atteint celle-ci après avoir enjambé la plaine, il eut la surprise d’y trouver, étendue sur le dos, de tout son long, la Fée Azurine.

La fée Azurine

La Fée Azurine avait été chargée de dessiner le rivage. Il lui suffisait pour cela d’avancer de son pas grâcieux : au contact de ses pieds nus, l’eau et la terre se séparaient docilement et définitivement derrière elle.

C’est ainsi qu’elle avait débuté par un coup de maître en dotant la Provence de celle perle qu’on nommerait plus tard Côte d’Azur. Elle venait précisément de parachever son chef-d’œuvre en lui ajoutant toute une série de nouveaux fleurons : la baie de Bandol, la plage des Lecques, le golfe d’Amour, les Calanques de Cassis, ainsi que la rade et la minuscule anse qui feraient un jour la fortune de Marseille. Et maintenant, elle se reposait, la tête tournée vers le ciel et les pieds tendus vers le Nord. Alors le géant Alpus se déchaussa, s’allongea contre elle, et seules les étoiles scintillantes et la lune toute neuve furent témoins de ce qui se passa pendant la nuit.

Le réveil d’Alpus

Au matin naissant, Alpus se réveilla le premier. Il chaussa les bottes, mais avant de quitter la belle endormie, de ses mains gluantes de boue, il caressa une dernière fois son corps, longuement, depuis le front jusqu’à la pointe des pieds…

Une fois debout, il secoua l’une après l’autre ses bottes : la première motte s’en alla former le volumineux mamelon baptisé Ruissatel, mais en cours de trajectoire, il s’en détacha une parcelle qui, en se posant, prit la forme d’un Bec Cornu; la seconde se disloqua, elle aussi, en plusieurs tronçons qui donnèrent respectivement le Taoumé, Tête Rouge, Tête Ronde.

Puis, il s’éloigna, sans attendre le réveil d’Azurine… Mais Azurine ne devait jamais se réveiller. Aux premiers rayons du soleil, la boue dont sa peau avait été enduite sous les caresses du géant se mit à sécher, puis à durcir. Et la malheureuse, soudainement pétrifiée, se trouva à tout jamais captive de cette gangue déposée dans un geste d’amour. L’eau et la terre désormais livrées à elles-mêmes, il en résulta cette côte informe et marécageuse qui s’étend à l’ouest de Marseille.

La Fée infortunée

Voilà pourquoi, au déclin du jour, les habitants du terroir contemplent parfois d’un regard attendri cette crête de l’Étoile où depuis des millénaires, la fée infortunée repose telle une momie. On voit se découper nettement sur le ciel serein la gracieuse ligne de son corps : le fin profil de son visage (le sommet du Garlaban), l’émouvante courbe de sa poitrine (le Plan de l’Aigle), et se prolonger jusqu’à la pointe du « Marseillais » qui, là-bas, au bout de la chaîne, figure ses pieds,

Cette histoire n’est pas de moi; cette légende a alimenté pendant des générations les veillées au coin de l’âtre les soirs d’hiver dans notre belle région, et même certainement au-delà.

L'apercevez-vous ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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